Je prends l'avion tout à l'heure. Si j'essaie de penser à ce qui m'a le plus touchée dans ce voyage c'est le mystère des péruviens. Toujours dans leur monde intérieur, même en train de danser ou de jouer de la musique ils gardent une tristesse accablante au fond des yeux. Je le sais 71% de la population est pauvre, cela ne suffit pas comme explication. J'ai travaillé avec des gens de Lima qui vivaient plutôt bien. Même en souriant, ils étaient tristes. Et c'est pas le résultat des prochaines élections péruviennes qui risquent d'être désopilantes.

Si vous passez par Cusco un des plus agréables lieux de séjours est La Casa Campesina, une maison en plein centre avec des cours intérieures et des jardins où ils nous accepteraient certainement pour un stage de chant : les indiens qui y passent y peuvent dormir dans des dortoirs pour quelques soles, ils viennent suivre des formations ou vendre leurs artisannat à la coopérative. Il y a aussi des grandes chambres pour les touristes éventuels qui sont arrivés jusque là. La cuisinère est super, il faut dire que la cuisine péruvienne est particulièrement délicieuse. Je vous joins la recette du Pisco de Cusco : battre un blanc d'oeuf en mousse avec de la grappa, du jus de citron vert, du sucre, de la glace et ajouter une pointe de canelle pour décorer, c'est extra.

De quoi je vous parle encore ? de ces gigantesques pierres dont on ne sais rien : ni comment elles ont été taillées, transportées, agencées ? des pumas sculptés ou imaginés un peu partout ? de la coca toujours présente et bien agréable à mâchonner quand on grimpe a 4000 ? de la nature foisonnante sans cesse menacée par l'avancé du tourisme ? Ce tourisme partage la ville de Cusco en deux, d'un côté les quartiers de la Plaza de les armas où il semble qui e personne ne travaille et de l'autre côté de l'arc de Santa Clara, où les boutiques d'artisants, de fruits, de vidéos pirates ou de plomberie pullulent.

Sinon il y a la musique. Le condor passa pour les touristes encore. Mais par exemple au détour d'une ballade, une chorégraphie de condors et de pumas inventée par un type d'une association d'un pueblo voisin de Cusco, d'une violence inouïe. Ou encore une chanteuse quetchua rencontrée par la Casa Campesina qui interprète des chants religieux, les mains jointes accompagnée d'un vieux qui pédale sur son harmonium.

Je pars tout à l'heure, chez vous c'est le soir.